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BOVO

— Que vois-je ? s’écria soudain M. Pépin, mon cousin maître Barrot, qui traverse la cour avec sa femme et sa fille ! Vos jeunes gens vont voir une donzelle, comme ils n’en ont certes pas vu en Italie, et vous, maître Cellini, pouvez emballer vos belles dames d’argile, si artistiques qu’elles soient : toutes les déesses de l’Olympe sont indignes de délier les souliers de Marguerite Barrot.

— C’est beaucoup dire, dit en riant Benvenuto qui, sa vie durant, fut grand ami des femmes. Venez, mes enfants, allons admirer la huitième merveille du monde.

Aussitôt tous se précipitèrent à la suite du chapelain dans la grande cour du château, et examinèrent les visiteurs, tandis que Pépin les saluait en s’enquérant de leurs désirs. M. Barrot, de la corporation des libraires, homme grand aux traits fins, aux cheveux de neige et aux yeux sombres et ardents, jouissait à Paris d’une notoriété de connaisseur d’art et de littérature. La dignité de ses mouvements et de son maintien s’accordait avec sa réputation. Sa femme, d’apparence courtaude et fruste, corrigeait ces défauts par un visage avenant et plein de vivacité. Benvenuto et ses élèves eurent, d’un coup d’œil, saisi ces particularités ;