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LE PALAIS ROUGE

fût aimé. Il n’avait pas encore formulé de demande officielle, mais les parents voyaient avec plaisir leur fille recherchée par le favori du Czar et ne mettaient aucun obstacle à l’intimité des jeunes gens.

Maintenant, grâce à l’imprudence d’Argamakoff, tout était remis en question. Pendant l’étrange scène de la nuit, il avait remarqué qu’Axinia était péniblement impressionnée et que, d’autre part, l’Empereur avait témoigné son admiration pour la jeune beauté d’une manière qui n’annonçait rien de bon.

Dès le matin, Argamakoff se hâta d’aller chez la Princesse, d’aussi bonne heure que les convenances le permettaient, afin de s’excuser du fâcheux incident. La belle jeune fille, en sarafan de soie orientale, assise sur de moelleux coussins, était occupée à dévider de la soie. Elle fronça légèrement les sourcils et dit, sans lever les yeux sur son amoureux :

— Ainsi, c’est à vous que je dois cette gracieuse attention ? C’est très aimable de votre part. Mais vous serez puni de votre indiscrétion et je ne vous plaindrai point.

— Mais, chère Axinia, il s’agissait de nous sau-