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LA JUDITH DE BIALOPOL

Mais le staroste avait prévu le cas. Derrière les battants fermés, s’élevait une sorte de barricade et de hauts retranchements obstruaient feutrée de la rue. À peine, les musulmans eurent-ils enfoncé la porte, qu’ils se heurtèrent donc à un nouvel obstacle, tandis que tous les défenseurs de la ville se précipitaient du côté menacé. Sitôt qu’un assaillant se montrait au haut de la tranchée, il voyait les lances des assiégés braquées sur sa poitrine et se trouvait rejeté, mort ou vif, du côté d’où il venait, tandis que les combattants restés au pied de la ville, se trouvaient inondés de flèches, de poix et d’eau bouillante.

Au haut des remparts, la belle Judith Abrahamek chargeait les fusils pour les hommes du Ghetto. Sitôt qu’un assaillant réussissait à prendre pied, échevelée, les joues en feu, rendue plus belle encore par son ardeur guerrière, elle s’emparait soit d’une pierre, soit d’une hallebarde, et les lançait contre la tête chauve ou la poitrine du fils de payens qui tendait vers elle ses bras avides.

La fumée et la poussière que faisaient les pierres en tombant et la poudre en éclatant, empêchaient les défenseurs de bien voir les résultats du combat.