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LA JUDITH DE BIALOPOL

— À genoux.

Le malheureux juif se prosterna, en tremblant, dans la poussière. Le pacha le considéra avec un sourire qui fit se glacer le sang de la belle Judith.

Il faisait nuit.

Abrahamek, le riche négociant, était couché à l’entrée de la tente de son maître, vivant dans la crainte incessante des coups de fouets et maudissant sa femme dont il se croyait trahi.

Soudain, une petite main le toucha à l’épaule. Judith se trouvait devant lui.

— Damnée traîtresse, que me veux-tu ? commença l’esclave du pacha.

— Silence, pas un mot. Veille à cette place jusqu’à mon retour. Je vais accomplir mon œuvre.

Judith disparût brusquement dans la tente. Le juif eut comme le pressentiment de ce qui se passait, car il se leva et fit le tour de la tente, veillant à ce que personne ne survienne. Quelques minutes pleines d’angoisse s’écoulèrent. Puis, Judith s’avança, mortellement pâle, mais d’un pas décidé.