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EAU DE JOUVENCE

— Lequel ?

— Eh ! une chanson d’amour, mon enfant.

Au printemps, la comtesse Nadasdy quitta Vienne, pour retourner dans ses terres. Au moment de partir, elle avait réitéré son invitation et, au bout d’un mois, l’amoureux gentilhomme se mettait en route, accompagné de quatre écuyers. C’était, en ce temps, la manière de voyager des hommes de condition. Il traversa ainsi, sans encombre, l’Autriche et une partie de la Haute-Hongrie. Soudain, il se heurta à une troupe d’hommes armés, qui escortaient une litière fermée portée à dos de mulet et qui, selon l’usage courant en ces temps de guerre où les routes étaient peu sûres, l’apostrophèrent en le menaçant de leurs fusils chargés.

Emmerich, arrêtant d’un geste ses serviteurs, avança en déclinant son nom et le but de son voyage.

— Nous suivons la même route, répondit le chef de la troupe, en remettant son épée au fourreau. Je me nomme Koloman de Pérusicz, je