sais-je. — Elle ne faisait qu’en rire : — Puisque je suis avec toi ! — Ce n’est qu’à moi qu’elle songeait.
À la maison, elle avait la fièvre ; en face du loup, elle était calme comme devant une poule. Et comme nous nous comprenions ! Je n’avais pour ainsi dire pas besoin de parler ; elle avait étudié mes yeux, chaque trait de mon visage, chacun de mes mouvements. Néanmoins nous aimions à causer. Quand le gibier était à terre et qu’Irena s’agenouillait pour le vider, nous restions assis côte à côte, et le monde était comme un livre à images que je feuilletais sous les yeux de l’enfant…, de son enfant. Je l’aimais vraiment, et ma femme, elle, l’adorait, — l’adorait d’autant plus que la petite s’attachait davantage à moi. Lorsque je l’emmenais, ma femme se mettait à genoux, l’embrassait, et lui disait tout bas : — Reste avec moi ; — mais l’enfant secouait la tête. Je riais, et quand j’étais déjà loin de la maison, en pleine forêt, ce souvenir m’égayait : j’étais content d’avoir la petite près de moi et de penser que sa mère se morfondait à la maison.
Si ma femme lui donnait une couture à faire, elle s’y mettait pour la forme, puis tout à coup jetait son ouvrage et courait fourbir mon fusil. Ou bien ma femme la charge d’une commission ; elle me regarde et ne bouge pas. Un jour, Nicolaïa s’emporte : — Il n’est pas ton père !
— Alors tu n’es point ma mère, dit l’enfant tranquillement.
Elle pâlit ; depuis, elle se tut et ne fit que pleurer parfois… Quelle sottise, pleurer ! La vie est si gaie !