Par une soirée étouffante d’été, le père Pistian vint au château et se fit conduire dans la chambre à coucher de Sarolta par la vieille Halka, femme de confiance de cette dernière qui, parmi les gens du peuple, était connue sous le nom de « vieille sorcière de Parkany ». Le prince étant allé à Pesth, Sarolta attendait la visite du bien-aimé ecclésiastique et s’y était préparée.
Comme il entra, elle était assise dans un fauteuil, vêtue d’un négligé de dentelle de Bruxelles à jour, et lisait un livre. D’un coup d’œil, elle congédia la vieille. Le père Pistian prit alors place à côté de Sarolta et saisit sa main qu’il pressa contre ses lèvres enfiévrées de passion.
— Vous avez bien fait de venir, fit la rouée coquette, je me sens aujourd’hui si malheureuse, si triste, qu’il vous faut me consoler.
— Comment le pourrais-je, ayant moi-même si grand besoin de l’être, répondit le curé.
— Vous ?
— Vous savez, Sarolta, combien je vous adore !
— Vous plaisantez sûrement. Comment pourriez-vous aimer la maîtresse que tout le monde abhorre ?
— Oh ! si vous saviez combien je souffre, soupira Pistian, vous ne seriez pas si cruelle !
— Vous êtes alors bien malheureux, dit Sarolta, et moi aussi je la suis. Examinons donc