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Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/137

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picorer. Auprès de ce fauteuil, il y avait une table également couverte de creusets, de flacons et d’autres ustensiles utilisés par la vieille. Au milieu de cette table brillait d’une lueur blafarde une petite lampe rouge dont la clarté crue donnait au plancher, là où elle tombait, l’air d’être maculé de sang. Deux gros chats noirs, qui tenaient compagnie à la vieille, se chauffaient les pattes au feu.

— Asseyez-vous, gracieuse princesse, fit Halka, tout en attirant Sarolta vers le fauteuil.

Le corbeau battit des ailes, croassa et s’enfuit à terre.

La belle femme prit une expression étrange, comme elle s’assit dans sa jaquette princière de velours rouge garnie d’hermine parmi les spectres fantastiques de cette poussiéreuse demeure.

— Maintenant, fit Sarolta en riant, fais-moi voir quelques-unes des pratiques de ton art, initie-moi un peu à tes secrets.

— Pourquoi pas, répondit la vieille, je sais bien que vous ne me trahirez pas.

— Qui te l’a dit ?

— Les astres, fit la vieille à voix basse.

— C’est là tout ce que tu as à me dire à mon sujet ?

— Non.

— Alors parle.