Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 127 —

voile de deuil. La sombre simplicité de cette sévère toilette qu’aucun ornement ne venait relever, semblait prêter un attrait encore plus éblouissant à sa beauté diabolique. Elle lui tendit la main et lui fit signe de s’asseoir.

Après l’échange des phrases usuelles, Bethlémy se leva.

— Vous voulez déjà me quitter, fit vivement la princesse, ne pressentez-vous pas vraiment ce que vous êtes déjà pour moi et ce que j’attends de vous dans l’avenir. Je suis comme une naufragée, qui aperçoit la terre. Toutes mes espérances reposent sur vous, ne m’abandonnez pas.

— En quoi puis-je vous servir ? demanda froidement Bethlémy.

— Ne soyez pas si formaliste, reprit Sarolta, et veuillez ne pas m’adresser sur ce ton réservé. Cela ne saurait vous réussir. Il faut que je vous dise tout, tout, mais ouvrez-moi la voie si vous en avez le courage. Je vous aime, Bethlémy de toutes les forces de mon âme énergique. Mon sort repose entre vos mains. Je vous offre ma main. Vous pouvez me sauver, vous seul, si vous ne la refusez pas. Malheur à vous, malheur aux hommes, si vous persistez à me dédaigner. Dès lors, qu’avez-vous à dire ?

— Je suis honnête, princesse, répondit le jeune