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Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/172

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— Ayez pitié de moi, Anna, j’arrangerai tout, gémit Steinfeld.

Elle ne l’écouta pas. Sur un coup d’œil d’elle, les filles l’entraînèrent dans la pièce voisine semblable en tout à une chambre de torture et dans un coin de laquelle se trouvait une baignoire de marbre à laquelle conduisaient quatre marches. Sarolta s’étendit nonchalamment sur un sofa qui se trouvait tout proche, puis dit aux filles : Faites ce que je vous ai commandé et ne demandez plus rien, que je puisse me repaître tranquillement des souffrances de ce misérable !

Les deux filles soulevèrent Steinfeld et le pendirent à un crochet, après lui avoir retourné les bras en arrière, de façon à ce qu’il fut suspendu à un pied de terre comme un torturé ; puis elles placèrent un grand poële au-dessous de lui et y allumèrent un grand feu. Jusque là la victime de la hyène n’avait articulé aucune plainte ; mais dès que les flammes commencèrent à lécher la plante de ses pieds, il poussa un léger soupir et pleura de douleur, puis il se mit à hurler et à se démener comme un enragé ; ses nerfs distendus ne pouvaient supporter ce tourment. Néanmoins il le fallut bien ; tandis que plus il délirait de souffrance, plus la cruelle femme riait étendue sur le canapé et plus les deux épouvantables mégères attisaient le feu.