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Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/187

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pas t’aimer. Il y a quelque chose dans ton visage qui m’éloigne de toi, le signe de Caïn semble imprimé sur ton front, tes mains paraissent tachées de sang. Je ne puis t’aimer.

— Essaie, reprit la belle femme, je t’en prie, je t’aime tant ; je n’ai jamais aimé personne comme toi. Elle se leva, posa son bras sur son cou et l’embrassa. Il ne s’éloigna pas d’elle, mais demeura muet. Viens avec moi à Parkany, continua-t-elle, oublie la misérable qui t’a trahie, sois à moi, essaye seulement pour un court espace de temps : une semaine, un seul jour !…

— Non, non, répondit Bethlémy, pas même une heure. Ta beauté pourrait enivrer mes sens, alors que mon cœur t’abhorrerait. Je ne veux pas t’aimer.

À ce même instant, Eyula parut sur le seuil.

— Le jour commence à poindre, cria-t-il, hâtez-vous, princesse, autrement nous allons tomber entre les mains des pandours.

— Mon Dieu, s’écria Bethlémy, mon pressentiment était bien fondé, je te connais scélérate. Tu es le chef de cette bande sanguinaire. Tu es la hyène de la Poussta.

— Et si je l’étais, repris Sarolta, c’est toi qui m’aurais faite ainsi. Je te le demande une dernière fois : veux-tu être à moi, non pas mon mari, ni mon amant, seulement mon esclave, que je