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Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/209

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vert était mis pour une seule personne. Dans un coin, un lit à rideaux et à baldaquin invitait au repos de la nuit.

Tous ces préparatifs semblaient indiquer qu’on s’attendait à recevoir et à loger des soldats.

Greiseneck s’était mis à son aise. Il buvait et mangeait avec beaucoup d’appétit, et il admirait tout haut le talent culinaire du brave homme qui le servait avec une attention respectueuse :

— J’ai passé quatre ans à Paris avec mon maître, dit le vieillard ; c’est là que j’ai appris à faire la cuisine.

— Si j’en juge par ce souper, dit Greiseneck en lui-même, il y a tout lieu de croire que le château n’est pas aussi inhabité qu’il en à l’air. C’est probablement qu’on ne veut pas avoir affaire à un officier impérial. Soit !

Puis, s’adressant au vieux serviteur :

— Maintenant, dit-il, va pour l’histoire de la dame blanche !

Le vieillard prit un candélabre et conduisit le capitaine devant le portrait d’une femme d’une rare beauté, dont la haute taille était enveloppée, jusqu’aux talons, d’une pelisse sombre. Sur le fond, noirci par le temps, s’accusait une physionomie claire, aux yeux bleus impérieux, et aux lèvres pleines et souriantes. Des cheveux abondants, d’un blond roux, s’échappaient, pareils à des