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Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/235

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faisaient les cent pas sur le trottoir. Arrivée dans son appartement, Warwara pria Halikof de l’attendre ; elle entra dans sa chambre à coucher, se débarassa de sa lourde fourrure et enfila rapidement une souple veste rouge bordée de martre, qui ne la gênait dans aucun de ses mouvements, puis elle appela le maître de police.

Quand il entra, elle se tenait au milieu de la pièce, les bras croisés. — Savez-vous qui est l’homme que vous venez de faire fouetter ? dit-elle d’un ton froid.

— Semen Poultowski.

— C’était mon fiancé.

— Ah, si j’avais su !

— Alors quoi ?

— J’y aurais pris encore plus de plaisir.

— Ne blasphémez pas, Seraph Pawlowitch. Vous ne martyriserez plus personne.

— Et pourquoi pas ?

— Lisez. Elle lui tendit la sentence et tandis qu’il la parcourait, lui plongea le poignard dans la poitrine. Il s’effondra sans un cri à ses pieds. Mais un instant après, il se releva et voulut appeler. Aucun son ne traversa ses lèvres, seul un flot de sang s’en échappa. Warwara éleva le poignard pour la deuxième fois. — « Pitié ! » — murmura Halikof.

— Avez-vous eu pitié de moi ? pitié de Semen