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mant visage, dont le teint un peu foncé et légèrement teinté de rouge, rappelait l’Orient. Sous le voile mystérieux de longs et noirs cils, flamboyaient deux grands yeux énigmatiques.

Comme amazone, Kasimira, à force d’audace et de grâce diabolique, attirait l’attention générale, non seulement à Vienne, mais encore dans son pays natal, où elle demeurait tout l’été, allant d’une de ses propriétés à l’autre, excitant l’admiration des femmes presque autant que celle des hommes. Quiconque l’approchait, attiré dans son cercle enchanteur, ne tardait pas à éprouver la puissance magnétique de cette nature souveraine, à laquelle personne ne songeait à résister. C’était à qui s’y soumettrait avec le plus d’empressement et d’enthousiasme. Pourtant, au milieu du cercle où elle régnait environnée d’hommages, en souveraine incontestée, elle se montrait souvent plus impérieuse et plus cruelle que le despote le plus exécrable.

À Vienne, elle était obligée à mettre un frein à sa passion de centaure. Une promenade au Prater et à la Ringstrasse ne pouvait suffire à cette infatigable dompteuse de chevaux.

Pourtant, il lui fallait s’en contenter. Le théâtre, le jeu, les réunions, la lecture, les passions qu’elle-même éveillait parmi la foule des hommes qui l’approchaient, lui prenaient la plus