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Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/43

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Mais Kasimira n’était pas d’un caractère à supporter longtemps cette contrainte. Pendant que son mari jouait aux échecs avec Stephan, elle restait des heures entières à réfléchir, étendue sur un divan, ou bien montait à cheval, s’élançant à travers la poussta[1], dévorant l’espace, ses cheveux dénoués, flottant au gré du vent.

Quoi qu’elle fît, chez elle ou au milieu de la poussta, elle sentait vaguement monter à son cerveau et s’agiter comme autant de démons, un tas de pensées mauvaises. Ce fut un hasard qui lui révéla ce qui se passait en elle, et ce qu’elle désirait ardemment, depuis longtemps, sans le savoir.

En ce temps là, le brigandage florissait en Hongrie. Il ne se passait pas de jour où l’on n’entendit parler de quelque vol important, audacieux, ou d’un assassinat épouvantable. Le gouvernement avait proclamé la loi martiale : des colonnes militaires parcouraient continuellement le pays, la potence ne chômait plus. Néanmoins la répression, quoique implacable, n’apporta aucun remède à la situation.

Selon la coutume régnante, le mari de Kasimira conclut avec les brigands une espèce de traité conditionnel, par lequel il s’engageait à leur

  1. La plaine en hongrois.