vie de frivolités ; elle avait besoin en effet d’une puissance magique non seulement pour enserrer les malheureux tombés dans ses filets et les y retenir aussi longtemps qu’il plaisait à son caprice, mais encore pour les repousser du pied avec arrogance lorsqu’elle le jugeait bon, ou bien d’exercer une véritable tyrannie sur les victimes qui ne se trouvaient pas à sa portée.
La baronne Amélie était de taille moyenne ; ses formes ni trop grêles ni trop fortes, avaient la proportion de l’harmonie que nous admirons dans les statues grecques représentant la déesse de l’Amour. Elle était bien femme dans toute sa gracieuse personne et ses traits d’une parfaite régularité avaient une expression douce et virginale. Dans sa démarche, elle avait le port d’une déesse ; elle savait à merveille l’art de s’étendre sur une ottomane ou de se balancer dans un fauteuil ; sa conversation qui ne manquait pas d’esprit avait cet abandon si captivant chez les femmes de la haute et pure aristocratie. Elle était à la fois belle femme et dame de rare distinction.
Elle venait de congédier un jeune cavalier dont la passion l’avait compromise et elle s’ennuyait à mourir, lorsqu’elle rencontra dans la rue un fort beau jeune homme dont la physionomie lui parut originale et même étrange.