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— Non, répondit le colonel ; la femme que j’aimais m’a trompé avec vous et j’entends avoir satisfaction.

— Je vous en prie, Monsieur le colonel, accordez-moi la vie, supplia Maximilien.

— Ce n’est pas la façon de demander grâce, répliqua l’adversaire pris d’une idée subite. À genoux !

L’artiste qui ne pensait qu’à sauver ses jours se jeta aux pieds de l’officier et implora sa grâce ; la baronne eut un rire de mépris.

— Je vous laisse la vie, reprit Étienne de K…, mais auparavant, je veux vous châtier comme vous le méritez.

Maximilien regarda l’officier avec étonnement. Pour être plus libre dans ses mouvements, celui-ci enleva les aiguillettes d’or de son dolman et saisit sa cravache. « Vous voulez donc me battre, balbutia le jeune homme. »

— Oui, dit le hussard, mais pas avec cette cravache qui n’est faite que pour les nobles bêtes ; « Belle dame, où est je vous prie, le fouet dont vous vous servez pour vos chiens » ?

La baronne le lui donna en toute hâte et une seconde après, l’officier sautait comme un tigre sur son adversaire, le précipitait sur le sol et le fouettait comme un chien jusqu’à ce qu’il demandât grâce en gémissant ; puis il le jeta dehors et dans la rue lui lança un coup de pied.