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Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/77

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pieds nus, les cheveux tressés d’un blond aux reflets rouges, un peu échevelés, les sourcils sinistrement froncés, se voûtant au-dessus de deux yeux graves et sombres, on cherchait involontairement l’hermine royale sur ses épaules de Junon, et les esclaves qui devaient la servir.

Martscha ressemblait ainsi à une jeune et belle sultane habituée à ordonner et à maltraiter.

Elle faisait une étrange impression quand, parfois, elle dansait en chantant, le soir, à la lueur rougeâtre du feu du foyer, s’accompagnant d’un couvercle quelconque, en guise de tambourin ; ou quand, les dimanches, elle se rendait à l’église, chaussée de bottes d’homme, noires et vernies, en jupon de percale bigarrée, en corsage rouge sous sa pelisse courte, magnifiquement brodée, qui ne descendait que jusqu’à sa taille, et ses tresses dorées, entortillées d’un fichu blanc garni de dentelles ; ou bien, surtout, quand elle allait, ainsi costumée, à la czarda (cabaret), où jouaient les Tsiganes et où les jeunes gens et les jeunes filles dansaient le czardas.

Martscha avait, comme on pense bien, beaucoup d’adorateurs, mais elle n’avait qu’un véritable amoureux. C’était Pista, qui, tout jeune