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Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/85

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La Hyène de la Poussta



CHAPITRE I

La tentation

Par une certaine belle journée d’hiver, les grandes dames de qualité, confortablement enveloppées dans leurs fourrures de prix, se promenaient dans la Ringstrasse, alors que les pauvres ouvrières, à peine vêtues, tremblaient de froid au sortir de leurs mansardes en se rendant à leur travail et en en revenant. Vers le soir, au moment où les étalages des différentes boutiques du Graben, resplendissaient à la lumière du gaz, vint à passer une belle jeune fille qui attira les regards des passants, lesquels à l’envie lui lançaient des œillades provocatrices.

Cette jeune fille paraissait non seulement pauvre, mais encore en proie à un violent chagrin. Elle semblait avoir conscience de son indigence, déplorer son sort et être envahie d’un insurmontable désir de luxe contrastant singulièrement avec les misérables hardes dont elle