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Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/95

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à l’objet de son amour la question décisive.

Ce n’est pas qu’il admirât tant sa vertu que sa fierté et un certain je ne sais quoi, qui souvent fait que la pire des femmes subjugue l’homme le plus spirituel et lui en impose tellement que, comme dans le cas du baron, pour la première fois de sa vie, il se trouve engagé dans une histoire d’amour à l’instar de quelque étudiant enthousiaste et inexpérimenté.

Contre toute attente, un allié lui survint sur lequel il comptait le moins. Les parents de la jeune fille, sur l’esprit desquels la première visite du baron avait laissé une empreinte d’éblouissement ineffaçable, craignirent ensuite que le dédain d’Anna arrivât à décourager leur distingué visiteur, et cette considération les décida en un clin d’œil à sacrifier la vertu de leur fille à leur bien-être. Là-dessus, ils se mirent à torturer l’altière jeune fille de toutes manières imaginables si bien qu’ils lui inculquèrent l’idée qu’elle foulait tout son bonheur aux pieds.

Certain matin, le baron venait de terminer son premier déjeuner, et, assis dans un fauteuil de son élégant hôtel, vêtu d’une robe de chambre de velours bleu tirant sur le violet, un fez posé sur la tête, il fumait une longue pipe turque qui, vu son accoutrement, lui donnait l’air d’un pacha. Il envoyait à droite et à gauche