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AMOUR ALLEMAND

coquette casquette à quatre coins, lui rappelait l’inimitable Pan Thadéus d’Adam Miskiewicz ; Micheline, en dolman et kalpak hongrois, faisait résonner en son âme une corde vibrant comme les mélodies originales de Pétœfi et, enfin, Hanna, Hanna !

Il la crut tout d’abord descendue d’un de ces petits cadres si parfaits de Dow ou de Miéris ; puis il vit tout à coup se dérouler le steppe en hiver, avec la troïka qui file comme un oiseau, le bruit des grelots des chevaux, des hurlements des loups ; après, il revint en esprit aux boutiques rouges, à la garde rebelle de Pierre III, à la haute stature déliée de Catherine, qui, le chapeau enguirlandé de feuilles de chêne, s’en allait en guerre contre son mari.

C’est ainsi qu’Andor est heureux dans son idéalisme, qu’il voit défiler sous ses yeux de jolies figures, de jolies scènes qui changent dans un salon où un autre n’aurait découvert que quatre fidèles de la mode vêtues richement et avec goût. De grand cœur il se laisse charger par celle qu’il adore des patins des trois jeunes filles, et il suit les dames dans l’escalier.

Malgré la découverte qu’Hanna a faite et qui la remplit de joie, d’orgueil, plus qu’elle ne se l’imagine, elle persiste dans son intention de faire du