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AMOUR ALLEMAND

il s’occupa de lui, et Hanna, à son tour, l’aida à choisir une paire de patins que l’enfant verdâtre attacha en gémissant.

Hanna le prit ensuite par la main droite, Micheline par la main gauche, Julie se mit derrière pour le pousser et, à elles trois, elles amenèrent le malheureux docteur jusqu’au milieu du lac. Là, elles le lâchèrent, lui montrant comment il fallait faire, criant, riant, jusqu’à ce qu’il eût complétement perdu la tête ; puis elles s’éloignèrent, faisant flotter leurs vêtements, l’invitant de la main à les suivre.

Andor était maintenant comme quelqu’un qui a fait naufrage et qui voit la vaste mer déferler tout autour de son îlot-refuge. Une angoisse indicible s’empara de lui ; lorsqu’enfin il eut pris son courage à deux mains, essayé de glisser et réussi contre toute prévision à parcourir un certain espace, il se sentit à peu près aussi ranimé qu’un ours à qui l’on aurait mis des ailes et que l’on aurait lancé dans les airs du haut d’une tour.

Il se tenait toujours droit ; ses patins, qui avaient l’air d’être possédés du démon et qui semblaient glisser d’eux-mêmes comme ils voulaient, l’entraînèrent bientôt parmi les patineurs les plus élégants, les plus hardis, où il fut un objet d’étonnement. Les jeunes filles l’avaient suivi et criaient