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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/131

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MÉTAMORPHOSES

pour faire perdre la tête aux héros de notre temps.

Ses parents, ou pour mieux dire les bonnes gens qui lui servaient de parents ne savaient pas de qui elle était la fille, à quelle famille elle appartenait.

Un soir, une vieille femme avait apporté la petite Marie à la revendeuse Peneke. Celle-ci avait pris l’enfant parce qu’elle était jolie et riait gentiment. La vieille femme avait aussitôt payé une année d’entretien et s’était éloignée pour ne plus reparaître. Chaque nouvel an arrivait une lettre avec de l’argent. Lorsque Marie eut quatorze ans, plus de lettres.

Madame Peneke, qui n’avait pas d’enfants à elle et qui aimait, élevait Marie comme sa propre fille, se vit alors délivrée d’une grande angoisse. Jusqu’ici, chaque fois que la porte s’était ouverte, elle avait tremblé qu’on ne vînt lui enlever la fillette. À dater de ce moment, elle n’eut plus d’inquiétudes et ne pensa plus qu’à être heureuse, fière de Marie, de sa beauté.

La revendeuse était trop rusée, elle connaissait trop intimement le monde élégant pour ne pas avoir la conviction que sa fille adoptive sortait de l’aristocratie.

La conviction s’appuyait sur la remarquable