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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

La manière dont madame Peneke élevait Marie ne contribuait pas peu à développer le goût naturel de celle-ci pour les chiffons. Pour rien au monde, la revendeuse ne l’eût laissée travailler sérieusement, mettre la main à une besogne grossière ; c’eût été dommage pour les jolies mains de mademoiselle ; il lui suffisait qu’elle jouât un peu de l’aiguille. Elle qui était si active du matin au soir, si pratique, si avisée, aimait mieux que sa fille, ainsi qu’elle appelait Marie, passât ses journées à lire quelque volume usé du cabinet de lecture ou à rester à demi couchée sur un divan, dans la boutique encombrée de belles robes, de tableaux, de lampes, de pendules, d’armes, de vases et de mille autres objets. Il arrivait alors à madame Peneke de donner à son mari un petit coup dans les côtes et de lui dire :

— Quelle savante que notre Marie, et comme elle est jolie dans cette pose ! Une vraie comtesse !

Cette femme laborieuse considérait le travail comme une honte pour Marie ; et voilà comment il s’était fait que la jeune fille ne pensait qu’à lire, à rêver, à faire toilette. Cependant, les idées de richesse, d’éclat qu’elle entretenait, l’avaient jusqu’ici préservée de toute autre tentation.

Se sachant extraordinairement belle, pressentant