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MÉTAMORPHOSES

que madame Peneke avait acheté à la princesse Amélie.

Après que le clerc avait fumé un havane, Marie une ou deux cigarettes du plus fin tabac turc, la fille de la revendeuse, aidée par son cavalier, emmanchait une belle jaquette de velours que la comtesse Geiersheim n’avait portée que cinq fois, se coiffait d’un petit chapeau en soie blanche, et l’heureux couple s’en allait bras dessus, bras dessous, faire en ville des petites emplettes pour la soirée. C’était là leur seul travail dans cette journée.

Le reste du temps était entièrement consacré au plaisir. Ils commençaient par déjeuner chez Ranzoni, le marchand de comestibles de choix ; après, venait une promenade dans les rues pleines de monde.

Marie aimait beaucoup se faire admirer et Plant se faire envier. Le soir, ils dînaient au Grand-Hôtel, allaient se promener au parc en voiture découverte ou en traîneau, feuilletaient pendant une heure les journaux illustrés au café des dames et se rendaient au théâtre.

Avant, Marie rentrait changer de toilette. Le clerc la menait toujours dans une loge et, comme les ouvreuses ne l’appelaient que le baron, chaque dimanche, le public élégant se préoccupait beau-