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UN BAL CHEZ LES ROSENZWEIG

visite, et présente ensuite le baron Oldershausen, Wolfgang et Plant qui, en cette occasion, font agréablement connaissance avec la provision de cigares du maître de la maison.

Wolfgang, ce même Wolfgang qui sculpte en marbre le roi, le prince et les princesses, trouve que Rosenzweig a une « bonne tête » pour le ciseau, et émet le désir de le faire en pied sous une toge romaine. Le banquier, touché, embrasse sa fille en lui murmurant : les enfants sont la joie des parents, quand ils ont été bien élevés.

Les journées qui suivent sont des journées à grandes préoccupations. Les dames siégent du matin au soir, comme des déesses de l’Olympe, en pleins nuages de soie, de gaze, de tarlatane et de dentelles. Les messieurs profitent des rares moments où la porte des divinités est entre-bâillée pour leur arracher un quadrille ; chacun est affairé, et le plus en émoi de tous c’est M. Rosenzweig, qui se meurt et ressuscite au moins trois fois par jour.

Enfin elle arrive, la soirée attendue qui a donné la migraine à tant de coiffeurs, qui a fait passer des nuits blanches à tant de couturières, et qui fournit à tant de mères l’occasion d’apprendre l’art de la diplomatie, tandis que la jeunesse n’a qu’un seul souci : celui de s’amuser.

Depuis le jour où Ève s’est vêtue d’une feuille