Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Enfin elle entendit son pas régulier, ferme comme celui d’une sentinelle. Il frappa à la porte un coup sec autant que celui d’un marteau.

Un « entrez ! » à peine perceptible répondit au coup et le docteur se dressa dans la chambre grand, bien droit, embarrassé de ses membres, selon son habitude. Mais aujourd’hui Hanna ne voyait rien de tout cela. Il lui apparaissait en héros d’Homère ou en Siegfried à la peau cornée, le tueur du terrible dragon ; et comme il ne prenait pas un air vainqueur, des allures de héros, ne souriait pas fièrement et s’asseyait au contraire à la table, selon sa coutume, Hanna fut saisie d’admiration pour lui. Ses traits trahirent une charmante confusion virginale ; elle renversa le métier en se levant, et au lieu de tremper sa plume dans l’encrier, elle y trempa son crayon.

— Où sont donc mes deux autres élèves ? demanda le docteur après avoir regardé la pendule.

— Elles ne viendront pas, répondit Hanna, baissant les yeux. Il faudra vous contenter de moi seule pour aujourd’hui.

Andor s’était mis à feuilleter un livre ; son élève le regardait de côté, très-timidement mais avec beaucoup de bienveillance.

— Avez-vous fait le pensum que je vous ai donné avant-hier ? demanda le professeur.