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UN JOURNALISTE MODERNE

Andor s’aperçut alors que cette femme n’était pas jolie, mais jeune, élégante, qu’elle avait une figure fine, entourée d’une épaisse chevelure noire, que tout son être trahissait cette grâce de l’esprit qui est bien supérieure à la beauté des formes.

— Mon jeune ami, je vous demande pardon de ne pas mieux vous recevoir, dit le docteur Wiepert, mais j’ai les pieds à peu près paralysés, et je ne me sers de mes bras que bien malgré eux. Si je n’avais à côté de moi ce bon esprit, qui n’est pas dépourvu d’un corps en parfait état, comme vous pouvez le voir, je ne saurais vraiment comment me mettre en rapport avec le monde extérieur. Asseyez-vous donc.

Le docteur indiqua du doigt une chaise et Andor y prit place. Pendant quelques instants, M. Wiepert eut l’air d’étudier la physionomie de son visiteur. Il reprit enfin :

— Vous m’avez été chaudement recommandé par quelqu’un que j’estime beaucoup ; c’est ce qui a fait que je vous ai appelé ami. Je suis d’autant plus enchanté de la recommandation, que l’impression que vous venez de produire sur moi est une impression de sympathie. Ce n’est que lorsque nous voyons un homme pour la première fois que nous pouvons nous faire de lui une idée exacte. Avec le temps, on s’habitue à chaque