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SELON LE MÉRITE, LA RÉCOMPENSE

odeur de résine et de fleurs des bois. La porte se referma derrière elle, et elle se trouva dans les bras du prince.

Le lendemain matin, la première dame d’honneur de la princesse vint lui annoncer au lit la visite du roi. La belle paresseuse se hâta de faire toilette.

Quand Sa Majesté entra, elle s’empressa d’aller à sa rencontre et lui tendit les deux mains avec une cordialité parfaitement jouée. Mais le vieux roi se garda de les prendre. Il se tenait raide devant elle et la regardait d’un air dur, méchant.

— J’ai appris de jolies histoires, princesse, fit-il sévèrement. Je sais tout ; un vrai roman. Cela m’est égal, du reste ; je venais seulement vous demander quand vous comptez partir.

La princesse Paula fit un pas en arrière. Relevant fièrement sa belle tête, elle fixa hardiment, avec fermeté, ses yeux sur ceux du roi. Le tremblement de ses lèvres trahissait seul son émotion intérieure. Elle n’était plus maintenant la doucereuse hypocrite de naguère ; elle était redevenue elle-même.

— Je ne pars pas, Majesté.

— Pourquoi donc ?

— Parce que je veux rester ici pour donner ma main à votre fils, le prince royal !