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LA COUPE DE L’ARC-EN-CIEL

conduite qu’elle s’était tracée, et cette ligne exigeait qu’elle tint chacun à distance, qu’elle en imposât à tout le monde. Elle savait qu’on est toujours traité selon les prétentions que l’on a. En ce qui concernait son nouvel entourage, elle comptait sur ses yeux clairvoyants, sur la perspicacité de son esprit.

Après un certain temps, la petite voiture quitta la grande route pour suivre une allée de hauts peupliers, au bout de laquelle était le château, comme disaient les gens du pays. Ce château était une grande maison neuve, à toiture rouge, ornée d’un balcon et entourée de vastes dépendances. En récompense de ses services dans la dernière guerre, le général avait reçu une dotation dont il s’était servi pour acheter l’habitation et les biens.

En descendant de la voiture, Hanna aperçut sous la porte une femme d’un certain âge, de forte corpulence, qui semblait respirer avec peine. D’une main elle tenait une lanterne allumée, de l’autre elle abritait ses yeux contre l’éclat de la lumière.

— Enfin vous voici ! dit cette femme.

— J’arrive assez tôt, je pense, répondit Hanna, le prenant de très-haut. Le général n’aura certainement plus besoin de moi aujourd’hui.