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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

lui tourna le dos pour rire avec le chef d’escadron. Alors il se dirigea vers la porte de la salle. Les bougies semblaient ne plus brûler pour lui ; il voyait trouble, il étouffait. Dans le corridor seulement il retrouva sa respiration.

La joyeuse compagnie ne se sépara que longtemps après minuit. Rosenzweig donna le bras à Valéria, et l’accompagna jusqu’à la porte de son appartement. Personne ne s’était aperçu du départ de Plant, personne, excepté l’actrice. Assise en ce moment sur un fauteuil de sa chambre à coucher, elle pensait à lui malgré elle. Mais on a frappé à sa porte doucement, très-doucement. Elle se relève vivement, et sans qu’elle sache pourquoi, son cœur bat, tandis que d’une main tremblante elle ouvre la porte.

Plant est là devant elle.

Elle recule ; il entre, referme la porte et se jette à genoux.

Il se démène comme un fou ; il pleure, implore, supplie à mains jointes. Elle le relève ; sa figure pâle s’éclaire peu à peu comme l’albâtre d’une lampe ; elle finit même par rire.

Après, elle s’étend sur sa chaise longue dans la pose de la Vénus du Titien à Dresde et aussi peu vêtue que le permet notre époque si morale. Lui s’est assis à ses pieds, représentant le chevalier