douze ans, leur idéal parmi les hussards, à quatorze ans, leur première amourette, et à seize ans, leur premier amoureux.
Deux de nos jeunes filles modèles en étaient donc déjà arrivées à la pelote à deux couleurs ; il n’y avait que la pelote d’Hanna qui gardât la blancheur de l’innocence. Cela lui valait bien des moqueries qu’elle supportait d’habitude avec une résignation pleine de dignité.
Mais ce jour-là, à la première occasion que lui fournit mademoiselle Kronowetter en quittant la chambre, elle se leva d’un air de triomphe et tira de sa poche, avec une précipitation que le Magasin littéraire de l’étranger eût certainement trouvée inconvenante, une lettre dont le format rappelait un acte notarié et qui semblait être plutôt une savante dissertation qu’un billet doux. Le papier représentait pourtant une lettre d’amour. Hanna l’éleva en l’air et sourit d’un ravissant sourire.
— Qu’est-ce que ce manuscrit ? demanda Micheline, mettant son pince-nez à cheval sur son effronté petit nez d’oiseau. As-tu encore écrit quelque nouvelle ?
— Ce manuscrit est le premier chapitre d’un roman dont votre fidèle amie Hanna devient l’héroïne et dont le héros reste entouré du plus profond mystère.