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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/445

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JEAN

— Valéria ! tu n’as donc pas de pitié pour moi. Que ferai-je ? Comment vivrai-je sans toi ?

— En vérité, c’est difficile de vivre… quand il ne vous reste plus un sou.

— Ce n’est pas cela que…

— Au contraire, ce n’est que cela, dit-elle d’un ton de décision à l’empêcher de répliquer, et tu as raison. Je ne veux pas que mon ex-amant s’en aille mendier dans la rue ; non je ne le veux pas. Laisse-moi réfléchir.

Elle avait croisé les mains sur ses genoux et regardait le parquet. Sur son front si pur d’habitude se montraient des lignes dures ; mais ces lignes s’effacèrent bientôt et une pensée qui semblait lui sourire vint éclairer sa physionomie.

— Oui, c’est ce qu’il y a de mieux à faire, dit-elle, en fixant sur Plant un regard tranquille. J’ai renvoyé Fritz, dont j’étais mécontente depuis longtemps. Si cela te plaît, tu peux le remplacer et rester dans ma maison, en qualité de domestique.

Plant avait tressailli. Appuyé contre le mur, il devenait pâle comme un mort ; sa poitrine se soulevait ; il ne trouvait pas une parole.

— Tu ne me réponds pas ? tu ne me remercies pas même de…

— Te remercier, Valéria ! répliqua-t-il enfin