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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

qu’ils pouvaient avoir trouvé. D’autres se présentaient avec des minéraux ; d’autres encore avec un oiseau rare ou un serpent. De la ville, les marchands envoyaient des caisses entières d’objets. Toutes les semaines, le libraire nous adressait un gros ballot, et un tombeau romain ayant été découvert un jour, mon père rayonna de joie et fit fouiller tous les environs jusqu’à ce que nous eussions une chambre pleine d’urnes funéraires, d’objets de toilette, de vieilles armes.

Notre maison était un musée. Nous rassemblions, nous assortissions toutes sortes de choses ; de manière ou d’autre, nous avions toujours mis la main aux objets, et cela nous les rendait doublement chers. Chaque harnais rouillé, chaque plante desséchée était pour nous comme une vieille connaissance.

Lorsque nous revenions d’une expédition, chargés d’herbes, de bêtes, nous nous mettions à examiner, à rechercher, à choisir, et très-souvent le coup de minuit nous trouvait encore sur pied. Puis les scarabées étaient retirés des bocaux, desséchés, enfilés et mis sur des lièges dans des caisses où ils ressemblaient à des soldats alignés. À leur tour, les papillons, les plantes étaient préparés, fixés sur une feuille de papier, et allaient dans des cartons à l’herbier.