la longue, le premier dut se voiler la face ; Wolfgang entrait dans la petite salle parfumée. Il demanda un verre de cognac à la tête bouclée qui le regardait avec des yeux étonnés.
L’illustre compagnie occupée à prendre des glaces ou à croquer des bonbons se contenta d’adresser au plébéien un simple coup d’œil, rien de plus. Une seule dame, peut-être aussi frappée de sa belle prestance que du sans-façon de son entrée, continua à braquer sur lui son binocle doré.
La dame en question, enveloppée d’un riche manteau d’hiver, était assise, une jambe sur l’autre, une cigarette aux lèvres. Il y avait dans son attitude, sa pose, un abandon, un sans-gêne qui rendaient difficile de décider si elle appartenait à la haute aristocratie toujours imbue de sa dignité personnelle ou si elle n’était qu’une beauté du demi-monde rompant insolemment en visière à la société.
Quand son examen fut fini, elle se tourna vers un jeune officier de hussards avec cette nonchalance pleine de noblesse que les autres femmes singeaient volontiers sans parvenir à bien l’imiter. Le sculpteur, à qui l’officier montrait le dos, comprit alors qu’il avait devant lui une dame de l’aristocratie et la regarda avec d’autant plus d’intérêt.