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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

genre, l’amena dans un cabaret obscur, où, par bonheur, il n’y avait personne autre que la fille de service. Il commanda ce qu’il y avait de meilleur et ils prirent place.

— Voilà qui me plaît ! fit Wolfgang, vidant d’un trait la moitié de son verre ; tu es un brave garçon qui n’abandonnes pas les amis dans le besoin.

— Je ferai pour toi plus encore, répondit Plant, mais à condition que, sous aucun prétexte, tu ne me reconnaîtras plus.

— Je comprends très-bien ; je pourrais te nuire auprès de tes maîtres. Je ne serai donc pas un embarras pour toi ; ce serait honteux de ma part. Je ne resterai pas même ici. Je vais en Italie. Là se trouve la liberté pour un homme comme moi, qui ne saurait être le serviteur des princes. Tu me connais, n’est-ce pas ? Tu sais que je déteste les monarques, et qu’il n’y a pas pied pour moi dans notre Allemagne toujours affligée d’un père quelconque du pays. Oui, tu me connais. Donne-moi l’argent nécessaire et… et je vais en Italie.

— Tu sembles me croire plus fortuné que je ne suis.

— Non, non, je t’apprécie à ta vraie valeur. Je vais en Italie par égard pour toi. Tu as l’argent nécessaire ; il est donc naturel que tu me le donnes. Tu me fermes complétement la bouche