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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Quelques jours après, Valéria fut habiter le petit palais vraiment royal qui lui appartenait maintenant. À peine était-elle installée, que Jean lui annonçait pour le soir la visite de Sa Majesté. Sa voix tremblait et il regardait l’actrice avec toutes les douleurs de la jalousie.

Jusqu’ici elle n’avait encore écouté personne, et dans son abaissement sans exemple, il avait conservé de l’espoir, de la confiance ; mais maintenant il sentait qu’elle était complétement perdue pour lui. La pensée qu’un autre allait posséder tous ces charmes qui l’avaient enivré peu de temps avant réveillait sa passion endormie. Sa belle maîtresse ne s’apercevait pas de tout cela. Elle lui donnait avec une froide insouciance les ordres nécessaires pour la soirée, et se proposait de récompenser comme un domestique le confident de ses relations galantes.

Lorsque le roi s’annonça par un léger coup frappé à la porte, Plant ouvrit, lui ôta son manteau et servit le thé. Il se montrait tellement empressé qu’il finit par devenir insupportable. Il ne voulait pas comprendre les œillades que lui lançait le roi ; il fallut que sa maîtresse lui ordonnât de se retirer.

— Tu peux te tenir dans l’antichambre, Jean, lui dit-elle en le regardant avec fixité. Si j’ai besoin de toi, je sonnerai.