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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Le roi ! répéta Rosenzweig toujours agenouillé.

— Entrez là, commanda Valéria montrant une portière.

La soubrette aida Rosenzweig à se relever, le poussa vers la porte, la referma sur lui et en tendit la clef à Valéria qui la cacha dans sa gorge.

En entrant, Sa Majesté se tourna vers la diva et bâilla.

— De si bonne heure ! lui dit-elle même sans bonne grâce. J’ai justement rêvé de vous.

— Pardonnez-moi, chère Valéria, répondit le roi, mais je me suis mis en tête de sortir en voiture avec vous, et cela ne peut se faire que de bonne heure. J’ai des ménagements à garder envers la reine.

— Faut-il me lever réellement ?

— Je vous en prie, supplia le roi. Passez-moi ce caprice ; je vous en passe bien d’autres.

— Très-bien ; je m’habille.

Le roi quitta la petite chambre à coucher, et la comédienne s’habilla avec une hâte qui eût complétement manqué de dignité, si elle n’avait été motivée par une pensée secrète. Dans cette hâte elle oublia de mettre son chignon ; elle oublia aussi Rosenzweig. Pour la première fois, elle quitta son palais au bras du roi. Le cœur lui battait d’orgueil ;