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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

allongées de beaucoup, enfonce d’un air très-sérieux ses mains dans ses poches, et la charmante petite femme croise derrière la nuque ses mains blanches et bâille à pleine bouche.

Cependant, un couple aussi joli, bien élevé, fashionable que le baron Keith et sa femme ne se laisse pas dominer par la prose de la vie avec la même facilité qu’un pauvre maître d’école ou un petit boutiquier et leurs épouses respectives. Du reste, il n’y avait pas beaucoup de temps pour l’ennui ou la réflexion dans la propriété de Silberburg. De même que toutes les personnes n’ayant rien à faire, le baron Keith et sa femme étaient toujours en mouvement, en l’air. Ils recevaient et rendaient des centaines de visites. Selon la saison de l’année, selon le temps, ils allaient en voiture, à cheval ; ils patinaient, chassaient, couraient le lièvre, dansaient, jouaient, médisaient, caquetaient, et, ainsi que cela arrive, de préférence dans les maisons dont le chef s’inquiète fort peu de dépenser, la propriété de Silberburg perdait de plus en plus de sa valeur.

À une année pleine d’éclat succéda une seconde année pleine d’embarras financiers.

D’abord vinrent des notes qui restèrent impayées, puis des sommations, et enfin manqua cet argent qui est indispensable pour l’entretien d’une