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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/522

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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

voulurent pas attendre que la maîtresse de la maison eût grandi en dignité par la pose de son chignon, et qu’ils pénétrèrent jusque dans son boudoir où les parures les intéressèrent fortement et longuement.

Ces hommes se mirent à tout inscrire, quoique la baronne leur eût majestueusement montré la porte. Ils ne se préoccupèrent pas plus du baron, lorsqu’il survint en grandes bottes à l’écuyère et battit l’air de sa cravache avec toutes les apparences de la mauvaise humeur.

— Que font donc ces gens-là dans notre maison ? s’écria la charmante Julie d’un ton irrité.

— Ils nous saisissent, répondit sèchement Keith, haussant les épaules d’un air de mépris.

— Mon Dieu ! Est-ce possible ? murmura la baronne.

Elle se laissa tomber sur un sofa et se prit à pleurer. Qui n’aura pas compassion d’elle ? N’est-ce pas déplorable d’avoir grandi dans la croyance qu’on a du sang bleu dans les veines, qu’on ne ressemble pas du tout aux autres créatures humaines, qu’on est bien plus complète, plus parfaite qu’elles, et puis se voir saisir comme un tailleur en vieux ou une blanchisseuse ?

— Mais nous pouvons trouver de l’argent sur notre propriété ? dit-elle bientôt.