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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/528

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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Viens, avant qu’on nous rattrape, fit-il en se dominant.

Il rabattit le voile épais sur la petite figure en pleurs de la baronne, enfonça son chapeau jusqu’aux sourcils, et ils s’éloignèrent ainsi dans un droschke qui les conduisit dans un faubourg éloigné.

Là, loin, bien loin de la zone du monde élégant, ils louèrent, à dix florins par mois, une modeste chambre pauvrement meublée, mais pourvue de lits propres, d’un poêle pour la cuisine, et tinrent conseil sur ce qu’ils avaient à faire à l’avenir.

— Nous ne manquerons pas d’argent tout de suite, dit Keith. Depuis un mois, je sentais venir cette catastrophe, et, à tout hasard, j’avais caché un billet de cent florins dans la semelle de mon soulier.

Il retira le billet de l’endroit indiqué et ajouta :

— J’avais prélevé cela sur l’argent que Rosenzweig m’a donné en retour de ma dernière lettre de change.

— Alors, nous allons commencer par déjeuner, dit la baronne. Je me sens en grand appétit ; mais mène-moi dans un restaurant où vont les pauvres gens. Nous sommes pauvres, nous aussi, Eugène, il faut penser à cela et à travailler. Je crois que tu