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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/535

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L’AMOUR À LA BOURSE

monde qui les entoure et pour leurs propres actes. Faut-il donc s’étonner qu’en tout et pour tout, ils agissent beaucoup plus mal que ne l’ont jamais fait les anciens géants ?

Les milliards français ont été comme les dons des Grecs pour la pauvre Allemagne ; à Berlin, à Vienne et dans cent petites villes, ils ont déchaîné cette fureur de spéculation qui nous a ramenés au temps de Law ; avec eux est venue cette armée de vampires, avides de sang, qui mènent les peuples à leur perte et insufflent la soif, la rage de gagner de l’argent sans effort, sans travail : par eux ont été nivelées chez nous toutes les classes de la société.

Au milieu de cette effervescence, la nouvelle que les banques de jeu étaient fermées à Baden-Baden et à Hombourg vint faire l’effet d’une mauvaise plaisanterie. Qu’importe la roulette, quand la fièvre ardente du jeu a gagné tout le monde et que l’enjeu n’est plus seulement de l’or, mais le bonheur, l’honneur, la vie des familles !

Les grands pillent les petits et les riches pillent les pauvres, abusant de leur position, de leur influence pour dépouiller sans vergogne de leur modeste avoir leurs victimes manquant de relations à la cour, de moyens pour connaître d’avance les dépêches.