hors de la portée du roman, où l’on peut mettre en scène l’idéal et la réalité.
— Je ne vois pas cela dans nos romans allemands.
— Je reconnais avec vous qu’en Allemagne le roman ne remplit pas sa mission comme dans les autres pays. Nous sommes très-fiers de notre littérature. Mais il me semble qu’il n’y a guère de quoi. Dans aucune nation les écrivains ne se tiennent aussi loin de la vie réelle que chez nous ; dans aucune nation ils ne sont aussi peu respectés. Dans quel pays achète-t-on, lit-on autant de livres étrangers qu’en Allemagne ? Et cela se comprend facilement. Nos auteurs écrivent d’après des livres ou tout au moins d’après leur imagination, tandis que les auteurs anglais, français, américains et russes écrivent d’après la vie, d’après nature.
» En ne jugeant l’Allemagne que sur ses romans, ses nouvelles, on pourrait la croire le pays par excellence de l’idéal, un pays où le printemps de la nature et du cœur règne perpétuellement.
» Nous savons cependant bien qu’il n’en est pas ainsi.
» Non, l’Allemagne ne surpasse pas les autres pays en pureté de mœurs, en noblesse de sentiments ; ce qui nous l’a fait croire, c’est que nos