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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/566

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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

étage, où l’on arrivait par un escalier obscur, trois chambres, et au second étage de même. Le tout était à vendre à bas prix, parce que c’était loin du centre des affaires. Plant paya vingt mille florins et devint le propriétaire du local.

Un homme comme lui savait le prix du temps. Avec une hâte brutale, il fit donc déguerpir tous les locataires, et sans beaucoup de cérémonies s’installa d’après ses besoins. Pour ne dépendre de personne, il établit au rez-de-chaussée une imprimerie petite, mais suffisante pour son but. Les deux chambres du premier étage, destinées à la rédaction, il les meubla élégamment ; il déploya moins de luxe dans celles du second étage, dont il fit son logement ; mais elles furent arrangées avec ce « chic » qui, au premier coup d’œil, relève l’homme connaissant la vie.

Tandis que sa maison s’organisait, il avait rassemblé le personnel de la rédaction, s’attachant bien moins au talent de journaliste de ses rédacteurs qu’à leur audace, à leur bonne volonté absolue. Il prit à sa solde des gens dont la situation était telle qu’ils avaient tout à gagner ou à perdre par lui, avec lui.

Il enrôla d’abord le baron Keith, qu’il avait rencontré par hasard dans un café. Keith accepta l’offre de Plant avec empressement. La roulette