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L’ÉCOLE DE LA VERTU

qu’elle exerçait sur la reine. Le reste s’expliquait tout naturellement. En elle la souveraine n’avait pas de rivale à craindre ; elle n’était pas plus exposée à se voir éclipser par l’esprit que par la beauté d’Hanna. Elle n’avait donc aucune raison de la haïr.

— Je vous envie cette hardiesse rare qui vous est propre, de toujours apparaître démasquée parmi les gens masqués, dit-elle un jour à Hanna. Je ne prétends pas que ce soit grand ; je ne me sers pas volontiers des expressions empruntées aux livres, mais c’est en tout cas très-convenable. Vous me regardez avec surprise, Hanna ? Oh ! ma nature ne se révolte que trop souvent contre cette contrainte que je m’impose ; mais il faut que je me résigne ; je ne suis ni aussi puissante, ni aussi libre qu’on le croit. Dans le bon vieux temps, alors que les vieux messieurs portaient encore des queues et les dames des mouches, il était de mode que les monarques se rendissent à la cérémonie du couronnement dans une voiture toute en verre, afin que le peuple pût les voir, eux et leur pompe, à son aise et de tout côté. Cette coutume n’existe plus ; mais nous, les souverains, nous n’en continuons pas moins à rester dans de semblables voitures vitrées, et nous ne devons pas oublier que de toutes parts on a les yeux sur nous. Je suis l’es-