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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Andor la suivit sans mot dire jusqu’à la grille dorée, où était une voiture dans laquelle il monta avec elle. Lorsque la voiture se fut ébranlée, il ne fut pas étonné de voir l’inconnue abaisser les rideaux aux portières et se disposer à lui bander les yeux avec un fin mouchoir blanc.

— Quel est ce parfum que je respire en ce moment ? demanda Andor. Il vient évidemment du mouchoir. Je l’ai déjà respiré ce parfum, mais où ?

Le véhicule franchit enfin une porte cochère, ce qu’il était facile de reconnaître au bruit et s’arrêta sans que Andor eût décidé la question du parfum. La porte fut refermée ; ensuite, la portière s’ouvrit du dehors et sa compagne lui prit la main en lui murmurant : « Allons, descendez. » Lorsqu’il eut senti la terre sous ses pieds et l’air frais sur sa figure, elle ajouta : « Prenez garde aux marches. »

Elle le guida lentement le long d’un escalier, puis dans un corridor recouvert d’un tapis, et finalement dans une chambre dont elle referma la porte sur eux.

— Maintenant, vous pouvez ôter le bandeau, s’écria-t-elle.

Andor s’empressa de profiter de la permission et se trouva dans une chambre obscure éclairée par un maigre filet de lumière s’échappant d’une chambre voisine à travers la portière.