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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/65

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NOUS AVIONS MIS SUR PIED SEIZE BANNIERES

aux trois amis d’un sourire à la fois insolent, moqueur et obséquieux.

— Gansélès ! s’écria Plant.

— Je ne me nomme plus Samuel Gansélès, dit le nouveau venu, prenant place à table sans cérémonie ; je me nomme Robert Nordstern.

— Comment ! c’est toi le chevalier lorrain ?

— Oui, et je viens inviter la haute noblesse, l’honorable public, à la représentation d’aujourd’hui.

— Voyez-vous ! fit Plant. J’avais toujours dit que notre Gansélès était un génie, bien que je ne me fusse nullement attendu à le voir sous l’armure d’un chevalier. Ainsi, au gymnase où, au lieu d’étudier il faisait un petit commerce d’allumettes et de timbres-poste, n’ai-je pas déclaré souvent que notre petit juif deviendrait un Rothschild ? Et quand il fut mis à la porte, étant en cinquième, pour avoir prêté quarante-cinq kreutzer à un camarade en lui faisant souscrire un billet de quarante-cinq florins, ne me suis-je pas écrié que Gansélès ferait son chemin, qu’avec sa nature positive, il deviendrait banquier, ou homme de loi, ou ministre des finances. Il est vrai que, plus tard, en le voyant entrer chez le boutiquier Lévy Düten, où il jouait de l’aune assez habilement pour faire rendre soixante aunes et plus à une pièce