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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/709

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LA NOUVELLE ANADYOMÈNE

— Mon cher jeune ami, commença Riva dès qu’ils furent seuls, en prenant la main d’Andor, je vous ai prié de me rendre visite, parce qu’ici nous pouvons causer en toute sécurité et que j’ai à vous adresser des questions à la fois importantes et délicates. Ne me considérez ni comme curieux ni comme sermonneur. L’intérêt seul que je vous porte a pu me décider à aborder avec vous semblable matière. Il m’est très-désagréable…

Il s’arrêta, fit quelques pas dans la chambre, puis revint auprès d’Andor et se mit à tirer fortement l’un des boutons de son habit.

— Aimez-vous cette Valéria Belmont ? reprit-il tout à coup ? est-il vrai qu’elle… qu’elle soit votre maîtresse ?

— En galant homme, je ne devrais pas répondre à cette demande, répliqua Andor désagréablement surpris ; mais à toute loi, même la plus sévère, il y a des exceptions. Je ne crois donc pas mal faire en vous disant : oui, j’aime Valéria.

— Et elle ?

— Elle me paye de retour.

Le comte se prit la tête entre les deux mains, comme un homme embarrassé, et parcourut la chambre de çà, de là.

— Qu’avez-vous ? lui demanda Andor étonné.