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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Je ne vous demande qu’un peu de patience, générale, fit Andor et je vous prouverai tout de suite que je vous comprends. Ces mêmes hommes qui n’oseraient pas m’offrir la main parce qu’ils savent que je ne la toucherais pas, ont eu la belle idée de vous choisir pour remplir auprès de moi une mission que je qualifie tout simplement de honteuse ; ils n’ont pas pensé à ce détail que, remplie par vous, la mission me froisserait doublement.

— Mais je n’ai rien dit qui puisse vous offenser, supplia Hanna se levant et lui tendant les mains.

— Vous m’avez assez profondément blessé, peut-être sans le vouloir ; mais je ne vous renverrai pas au cœur ce coup meurtrier ; ne craignez rien ; je serai calme. Causons comme des personnes pratiques. Que m’offre-t-on ?

— Tout ce que vous voudrez : titres, décorations…

— Et naturellement de l’argent ?

— De l’argent aussi.

— Quelle somme ? Puis-je savoir ?

— Cent mille florins, je crois ; plus, peut-être ; mais ne vous fâchez pas.

— Tout ce que je voudrais, répéta Andor avec ironie. Et si je vous voulais, vous ?

— Moi ! vous plaisantez ?