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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/749

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XIX

LA MORT N’ÉTAIT PAS INVITÉE

Depuis longtemps déjà, Andor était sorti de la maison et s’en allait lentement, d’un pas ferme, l’œil passif fixé au loin devant lui ; mais Hanna restait toujours immobile dans un coin du sopha.

Si son visiteur avait employé avec elle ces belles phrases qu’aiment tant nos hommes allemands, ou s’il s’était donné la moindre peine pour lui parler un beau langage choisi, l’orgueilleuse jolie femme eût plissé les lèvres d’un air moqueur ou l’eût fait partir avec un éclat de rire ; mais sa manière de s’exprimer, modeste, honnête, ennemie de toute élégance l’avait déroutée. Il était arrivé ainsi qu’elle avait perdu contenance, ce qui ne sied guère à une femme du monde et que, lorsqu’elle se trouva seule, elle se sentit comme quelqu’un qui a fait une longue route à pied, fatiguée, abattue, brisée.